Accueil CONCERT A un concert éclectique de jazz tchadien avec Djim Radé

A un concert éclectique de jazz tchadien avec Djim Radé

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L’Institut Français du Tchad (IFT) a accueilli une fois de plus le jeune Djim Radé pour un concert Jazz made in Chad. C’était ce vendredi 02 novembre 2018 dans sa salle de spectacle. Le public a répondu positivement à cette proposition de l’IFT de jazz d’un autre genre auquel l’on commence justement à s’habituer grâce à Djim Radé qui depuis son retour sur sa terre natale n’a cessé de faire consommer au public tchadien le jazz d’une autre manière.

Pour un concert où l’on se serait attendu à voir une salle de spectacle « blanchie », c’est plutôt un autre public qui a fait le déplacement. Un public qui correspond au combat artistique et musical que mène le jazzman tchadien depuis son retour sur la terre de Toumaï, celle de « noircir » et « tchadianiser » le jazz. Et au regard de ce que l’on n’a vécu ce soir de concert, il faut dire que ça marche.

Djim Radé a fait ses classes artistiques et musicales en outre-mer, entre la France et l’Allemagne. Revenu au Tchad depuis quelques années, il s’est donné pour objectif principal de faire du jazz à la tchadienne, un savoureux mélange de jazz original avec les sonorités et les langues locales tchadiennes. C’est ainsi qu’il a créé le festival Ronel Jazz qui a livré sa 3ème édition en 2017. Le public tchadien venu nombreux à son concert est une preuve qu’il a épousé son jazz.

Djim Radé sur scène avec ses musiciens ©Saomagazine

La programmation proposée par Djim Radé pour ce concert était très éclectique, loin des clichés d’antan du jazz qui était vu par les jeunes en particulier comme une musique ennuyeuse destinée aux bourgeois. C’est bien un public jeune qui était à l’IFT et qui reprenait en chœur des phrasées de plusieurs chansons du jazzman qui s’amusait sur la scène avec ses musiciens et avec la langue sara.

Le voyage avec Djim Radé en commandant de bord a commencé tout doucement le titre « Take five » et « marchand du désert » deux titres pour deux langues avant de tomber au cœur du Tchad avec les titres « Tari Niyan Si’gu » et « Koum », un titre mélancolique qui pleure le cancer du sein, cette maladie qui fait des ravages auprès des femmes et dont le meilleur traitement reste encore le dépistage précoce. Passé ce moment, place à son hymne à la beauté tchadienne avec « Adneli », qui a rapidement mis la salle en ébullition.

Croquemort en slam sur la scène ©Saomagazine

Un instant slam s’est invité dans le jazz avec M. Didier Lalaye alias Croquemort invité sur la scène par Djim Radé pour d’abord annoncer la tenue de la toute première Coupe d’Afrique de Slam Poésie à N’Djaména du 05 au 10 novembre 2018 et inviter le public à venir massivement assisté à cette grande messe du slam dont le village artistique sera implanté à l’Espace Talino Manu de Moursal avant de déclamer quelques phrases de « dans mon quartier ».

Constant sur la scène ©Saomagazine

L’autre fait marquant du concert a été l’instant blues, avec Constant, invité sur le podium par Djim Radé qui a électrisé la salle de l’IFT. Ce fameux Constant que les habitués des concerts ont déjà vu quelques brèves apparitions sur des scènes a décidé cette fois de livré une prestation XXL de son talent en matière musicale. Pour ceux qui ne savent pas, le blues est une musique d’origine africaine importée aux Etats-Unis par les esclaves. C’est à la base une musique sentimentale qui exprime la douleur, les peines, le bonheur, la joie, les désillusions etc. d’où l’expression avoir du blues.

Constant a donc eu du blues, il a eu du blues d’avoir vu un artiste incarcéré pour son art pour avoir dit « Populasson gay corr » alors lui il a décidé de faire pleurer le ciel. Son blues a donné du punch au public. Avec un doigté exceptionnel à la guitare, il a emporté tout le monde, une maitrise qui a même amené un fan a monté sur scène et collé l’oreille à sa guitare pour se rassurer qu’il s’agissait bien de ses doigts et de sa guitare qui produisait cette orgie instrumentale qui excitait notre ouïe. Sa prestation a été saluée avec tous les honneurs et le respect par le public.

La température mise par Constant et sa guitare est restée pour la suite et la fin du concert avec les titres « Nandoube » une reprise d’une vieille comptine sara, un cours de drague à la sara avec le titre « Neloum seï » et qui s’est achevé sur une version jazz du classique « Jaloux saboteurs » de Maitre Gazonga.

Djim Radé ©Saomagazine

Ce concert marque ainsi le début d’une tournée pour Djim Radé et son jazz band qui va les conduire très bientôt sur les podiums des Instituts Français de Douala et de Yaoundé au Cameroun et d’autres dates seront programmés au fur et à mesure. Djim Radé continue ainsi de distiller son jazz tchadien à travers le monde.

Fiche technique :

Chanteur : Djim Radé

Répertoire proposé :

  1. Take Five
  2. Marchand du désert
  3. Tari nyan si’gu
  4. Koum
  5. Adneli
  6. Kla
  7. Mila
  8. Nandoube
  9. Mingue
  10. Autum Leaves
  11. Neloum Seï
  12. I don’t know
  13. Supplications
  14. Jaloux saboteurs
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