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Festival Sem Ta Doua : les danses au rythme des criquets et de la daba

2022
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Le 10 décembre 2015, une date que je garde en mémoire pour deux choses : d’abord je me suis fait dépouiller de mon  sac à dos contenant mon ordinateur et un disque dur externe durant le voyage de N’Djaména vers Moundou qui m’amenait où j’allais découvrir le festival culturel le plus authentique qui m’est donné de vivre jusqu’ici au Tchad. Etrangement le proprio de mon sac à dos m’avait gracieusement laissé le sac contenant mon appareil photo. Le lendemain dans l’après-midi, sous le doux soleil de Moundou qui me rappelait Douala ma ville natale, direction le stade Koumando Bibiane de Moundou pour vous faire vivre le festival à travers mon objectif photo.

L’origine du Sem Ta Doua

les calebasses des semailles©saomagazine

D’après les propos recueillis auprès de Djim Black le promoteur de ce festival et fondateur de l’Association Tchad Héritage, Sem Ta Doua  est une expression en gambaye qui littéralement signifie « les criquets de la daba ». En fait, Sem ce sont ces criquets saisonniers qui font leur apparition au début des pluies et qui marquent le début des semailles, symbolisées ici par Doua la daba. En cette période, les villageois se rendent chez le marabout du village avec les graines destinées aux semailles. Ce dernier invoquera les esprits et les ancêtres afin qu’elles se multiplient une fois en terre, prémices de bonnes récoltes. C’était alors l’occasion de célébrer l’arrivée de la saison des pluies à travers des chants et des danses.

Rassembler Différentes traditions tchadiennes autour d’une compétition de danses.

Affluence du public ©Saomagazine

La danse est l’essence même de ce festival, elle permet de rassembler durant une semaine plus de 15 000 personnes. L’ambition du promoteur est de réunir des danses des quatre points cardinaux du Tchad. Ce qui reste encore difficile au regard de ce que ça implique comme moyens financiers et logistique. Cependant, il faut le dire la diversité y est, toute la symbolique du temps des pluies et des semailles étaient présentent dans les tenues et les accessoires : les machettes, les faucilles, les lances, les calebasses de graines etc. au bout de la compétition, 3 groupes ce sont démarqués d’après le jury et unanimement approuvés par le public.

1. Danse Mbilé du canton Sime-Gotobé (18,75/20) la synchronisation et la gestuelle parfaite.

Danseurs mbilé ©saomagazine

La première chose qui frappe avec cette danse est que ce sont les hommes qui dansent et les femmes qui chantent. Munis de leur canne, les danseurs Mbile ont enchanté tout le public. Une synchro parfaite, des jeux de jambes entrecoupés par des coups de rein qui arrachaient des cris au public à chaque fois. Je ne pouvais m’empêcher de rire à chaque fois.

2. Danse Mboum de Mbaïbokoum (17,5/20) : l’appel des pucelles

danseuses mboum ©saomagazine

C’est sûrement la danse la plus connue du Tchad, la seule d’ailleurs que je connaissais avant ce festival. Ces jeunes pucelles qui désormais font leur entrée dans la vie de femme. Cette danse est leur initiation, à travers laquelle elles exhibent leurs atouts physiques et leur capacité à attirer le regard de leurs futurs époux. A poitrine découverte, le challenge ici réside dans la capacité de chaque fille à faire bouger sa poitrine, le pied muni de grelots pour réveiller les dormeurs. Difficile de dormir devant une telle démonstration.

3. Danse Gosmbaye de Koutou (15,85/20) : l’énervement de la poule

Danses gosmbaye ©Saomagazine

En plus d’avoir une musique assez originale la danse de Gosmbaye est aussi exclusivement féminine. Elle est rythmée en deux temps : un premier temps, la poule qui repousse les coqs prétentieux avec de vigoureux battement d’ailes, dans notre cas les bras des jeunes filles ; en deuxième te

Djim Black, promoteur du festival ©Saomagazine

mps, la récompense du courageux. Pour le coq qui aura résisté à cette attaque, il y’a l’offrande du derrière. Les jeunes filles se retournent et remuent frénétiquement leur postérieur dont elles accentuent le volume ce qui arrachaient des cris au public à chaque fois.

Une opportunité de réponse au choc des cultures

 

Le festival Sem Ta Doua se présente comme l’une des meilleures réponses que le Tchad peut envoyer en uppercut dans le choc des cultures de plus en plus important. L’impact et l’onde de choc des cultures étrangères transmis et amplifiés à travers les médias sociaux devraient décider les acteurs culturels tchadiens à promouvoir, à vulgariser et à pérenniser de tel événement à travers les mêmes médias sociaux.

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