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La musique urbaine tchadienne au féminin: elles sont encore très peu mais avec du potentiel

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La musique urbaine tchadienne est en pleine croissance grâce surtout aux nombreux jeunes artistes de la diaspora tchadienne qui depuis maintenant quelques années produisent de plus en plus en quantité et surtout en qualité. Cependant dans toute cette émulation, il manque cruellement de visages féminins. Une absence qui peut se justifier au regard du contexte social tchadien même si les choses ont bien évolué depuis, l’absence des femmes reste d’actualité.

A ce jour, on les compte du bout des doigts les femmes qui s’aventurent sur la scène musicale et encore moins sur la scène musicale urbaine. Nous allons vous présenter ces quelques amazones de la scène urbaine tchadienne.

1- Lincy: la talentueuse doyenne silencieuse depuis lors…

 

Lincy est sans doute le visage le plus connu de la scène urbaine tchadienne. Depuis le titre « l’impasse » qui l’a révélé au grand public il y’a aujourd’hui 7 ans, Lincy a fait du chemin. Lauréate du concours Airtel Trace Music star au Tchad en 2015, elle participera aussi aux auditions à l’aveugle de The Voice Afrique francophone en 2017. Signée au Label Preston Concept elle a à son actif plusieurs collaboration d’abord avec Waïti Chiftakef: Chamatah, Habi, Trop Class etc.

L’année 2019, elle nous a servi « Ma musique » une belle reprise d’un titre d’Abdoulaye Nderguet qui l’on croyait annonçait le décollage de la carrière solo de Lincy … Mais depuis lors c’est le silence chez cette bête de scène.

2- Crazy Missy: entre rap et glamour… 

Il y’a 6 ans, Crazy Missy lâchait ses premières textes sur le titre « PCR Dream Team » aux côtés des autres premières recrues du label naissant Preston Concept. Un an plus tard, elle se présentait au public avec le titre « Appelle-moi Crazy », s’affirmant comme le premier visage féminin du rap et depuis lors elle est restée l’unique rappeuse du 235.

Début 2020, Crazy Missy présente son premier album « Femme Battante » au grand public avec la mise en ligne du vidéogramme du titre « Trop Loin » présentant une nouvelle Missy Crazy plus arborant une coloration plus glamour. L’arrivée du coronavirus va couper court à une promo qui avait pourtant bien débuté.

3- Sandra Topona, le volcan de sensualité endormi…

Elle est aussi présente sur la scène depuis aussi longtemps que Lincy & Crazy Missy mais peut-être moins connue du public parce que longtemps partie en études du côté de Cotonou. Tout d’abord Sandra Topona c’est des débuts très poussifs avec des titres plutôt pop il y’a 4 ans avec « Pourquoi tu parles beaucoup », « Na na na »  ou encore « A fond sono » et aussi des balades comme « Toi et Moi » en featuring avec Moussa Aimé; mais depuis l’artiste a gagné en maturité sous la direction surtout de M. Liga Ernest.

Le titre « Habibi » sorti en 2017 marque le début de la mue de Sandra Topona, on lui connait aussi un featuring avec l’artiste Petit Miguelito « Goumou ». Sandra est revenue au devant de la scène cette année avec le single « Femme » et plus récemment encore le clip du titre « Touche pas ». Un clip présentant une artiste avec une sensualité plus assumée et affirmée.

4- Alix, la fille de Marge d’Action qui prend ses marques…

Celle qui a sorti le clip de son titre « Ennemi » ce 18 août 2020 est sûrement l’un des paris les plus sérieux de la scène urbaine tchadienne. Elle n’a pas la longévité de Lincy ou de Crazy sur la scène mais compte déjà quelques productions qui puissent déjà la démarquer. labellisée chez Marge d’Action, elle a son actif plusieurs collaborations avec son label et quelques titres solo dont « Juste ça » et « Ennemi » dont les clips sont disponibles.

Alix est celle qui se rapproche le plus de sa collègue Lincy dans les thèmes abordés et les influences (soul, R&B). Reste maintenant à voir au fil de ses productions si elle pourra devenir le prochain porte flambeau féminin.

Lire aussi: Clip vidéo du titre « Ennemi » enfin disponible

5-Les tentatives de Melodji…

L’ex-membre du mythique groupe Matania qui  s’est résolument  tournée vers une carrière solo semble de plus en plus attirée par la musique urbaine. Melodji en solo c’est d’abord les titres « Tah nor ndal » et « Dian Koudj » qui ont fait sa renommée depuis 2016. Melodji par la suite a commencé à toucher des sonorités plus urbaines avec des collaborations comme « 100k » avec Sultan ou encore il y’a juste quelques semaines le titre « ça peut me tuer » avec Waïti Chiftakef.

L’album « Dream » dont la sortie était annoncée en 2019 et dont l’on a pu apprécier le contenu en live lors d’un concert à l’IFT confirme bien la volonté de Melodji de se tourner vers une musique plus urbaine. Reste maintenant à savoir si cela pourra lui réussir autant que cette musique « tradi-urbaine » qui lui allait très bien.

Lire aussi: Mélodji fait du Dream à l’Institut Français du Tchad

6- Djemila Carole: la voix d’une lionne qui dort…

Djemila Carole est sans doute la lionne alpha de la scène urbaine tchadienne, seulement elle est endormie depuis lors… Avec plus de 10 ans de carrière derrière elle, Djemila a une carrière musicale déjà bien garnie: De l’Algérie en passant par le Sénégal, Djemila c’est un catalogue musical bien coloré avec des sonorités puisées un peu de partout en Afrique. C’est aussi et surtout une belle plume et une polyvalence à se balader dans plusieurs registres musicaux: des titres pop « Ma nation », de l’afro-fusion avec « Africa rythm » ; c’est des influences R&B et soul qui ressortent bien sur les titres « Toi »et « Grandir ».

Djemila revient sur la scène tchadien avec une collaboration sur le titre « Djobo » de l’artiste Mawndoé Célestin, ensuite le titre « Gawala 2.0 » avec l’artiste Ray’s Kim et une production solo avec le titre « Dites-moi » en 2018. Mais depuis c’est le silence… cependant, Djemila Carole reste l’artiste féminin présentant le plus de potentialités voilà pourquoi elle est une lionne alpha endormie…

7- Attente des Slameuses…

Elles sont actuellement trois slameuses dans les starting-block: Djemi la slameuse, Gracias et Grâce d’Or dont nous attendons patiemment les premières cartes visites. Elles sont toutes les trois issues des pépinières de slam tchadien, elles ont des productions présentes sur quelques compiles slam et ont aussi été de la partie lors des différents événements slam: Coupe d’Afrique de Slam-Poésie, Festival N’Djam s’enflamme en Slam, Concerts & Soirée Slam & Eve etc.

Djemi est cependant celle qui est actuellement la plus productive et la plus présente sur les podiums et donc celle dont on attend impatiemment les premières productions pour emboîter le pas au Xenopi avec « Rimté le petit fonctionnaire » et se hisser pourquoi pas au diapason de ces aînées Lydol, Amee, Harmonie ou encore Mariusca.

Lire aussi: Six slameuses sur le podium de l’IFT

On attend encore plus…

Le constat est clair, la scène urbaine manque de visages féminins, plusieurs facteurs justifient cette absence. Tout d’abord il y’a tous les clichés qui entourent « la fille qui fait la musique urbaine », à cela il faut encore ajouter toute l’imagerie « très dénudée » dans laquelle est marketée les artistes féminins. Les filles tchadiennes sont-elles prêtes à faire face à tout ça? Là est toute la question…

Pour l’instant, le public tchadien continue de « baver » sur les stars urbaines d’ailleurs: Josey, Daphné, Blanche Bailly, Shan’L pour ne citer que celles là. Il ne s’agit pas de dire que se dénuder est la règle consacrée pour faire la musique pour les femmes mais surtout de trouver le bonne équilibre en musique et sensualité.

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