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Que serait le festival Mboum sans les seins?

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Danseuse Mboum ©Saomagazine

Le festival international Mboum existe il y’a maintenant sept années. Au fil des éditions, le festival a grandi et est devenu un festival international, mettant ensemble les Mboum du Tchad, du Cameroun et de la RCA. Une prouesse qui est souvent éclipsée par l’effervescence et l’engouement du public pour l’une des composantes de ce festival. Les danseuses Mboum de Mbaibokoum. A chaque fois, la question de la danse de ces adolescentes à poitrine découverte revient toujours sur le tapis? Est-elle bonne ou mauvaise? Est-ce une exploitation abusive de l’image des adolescentes à des fins égoïstes? Que se passerait-il si désormais ces danseuses se couvraient la poitrine?

D’entrée de jeu, il serait maladroit de porter un jugement sur le festival Mboum et ses néophytes aux seins découverts sans se renseigner sur les combats menés par l’Association Monts de Lam et sa présidente Eugenie Laoula à travers ce festival. Des batailles menées avec très peu de moyens et qui pour la plupart ont d’une certaine façon ont déjà abouties.

La lutte contre l’excision

La danse des jeunes filles de Mbaïbokoum est une danse qui marque la fin d’une période initiatique. le passage de l’adolescence à la « maturité » du moins du point de vue scientifique car elles entrent en puberté. Ce rite initiatique est l’un des rares rites féminins qui se pratique sans excision. Même si les scarifications sont toujours présentes, elles se pratiquent désormais en suivant un certain nombres de règles d’hygiène pour éviter aux jeunes filles de développer des infections.

La réunification du peuple Mboum

L’histoire coloniale a dispersé le peuple Mboum à travers plusieurs pays d’Afrique. L’un des objectifs majeurs du festival était d’arriver à rassembler les mboum à travers ce festival. Aujourd’hui un triangle s’est formé entre les mboum du Tchad, du Cameroun et de la RCA. L’édition 2018 du festival s’est tenue à cet effet à Ngaoundéré au Cameroun et la prochaine édition devrait se tenir en terre centrafricaine. Voilà une autre des victoire du festival Mboum.

L’action sociale derrière le festival

Beaucoup ne le savent certainement pas mais une grande partie des fonds récoltés lors du festival Mboum sont reversés aux participants. Une action sociale non négligeable lorsque l’on sait quelles sont les conditions de vie dans l’arrière pays. Les participants repartent avec de l’argent mais aussi avec des produits de première nécessité.

On ne va pas cependant nier le fait que 80% du public se déplace pour venir voir les néophytes balancer leurs jeunes poitrines. Que peut-on y faire? Devrait-on pour autant couvrir les poitrines de ces jeunes dames? Au nom de quelle valeur devrait-on le faire? Nos nouvelles mœurs imposées par la société moderne devraient-elles primer sur les valeurs traditionnelles du peuple mboum? Là est tout le débat.

Certains réseaux sociaux ont d’ailleurs déjà tranché sur les questions de nudité, n’acceptant plus que les parties génitales soit publiées (sauf dans certaines conditions). Une décision qui peut se comprendre dans le cadre de la lutte contre la cyber pornographie, la pédophilie et j’en passe.

Le public garderait-il le même engouement pour le festival dès l’instant que les jeunes filles danseront à poitrines recouvertes? Difficile de répondre à cette question. Il reste cependant fondamental que les personnes qui jusqu’ici apportent leur soutien à ce festival doivent garder en esprit toutes les valeurs et les combats en toile de fond derrière ce festival.

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