Accueil CONCERT Six slameuses sur le podium de l’IFT pour un voyage de voyage...

Six slameuses sur le podium de l’IFT pour un voyage de voyage multidimensionnel dans l’univers du slam au féminin

2150
0
PARTAGER
Les slameuses sur le podium © Notime Photography

Lorsqu’il s’agit d’un concert de slam au Tchad, les habitués savent qu’ils viennent non pas assister à un concert, mais à un voyage au milieu des mots et des vers, un voyage de qualité, autant dans la forme que dans le fond. Le concert des slameuses de cette 5ème édition du festival international n’djam s’enflamme en slam (FINES) n’ont pas failli à leur mission. En digne navigatrices, chacune capitaine de son propre navire, elles nous ont embarqué avec elles vers… le slam.

Marius & Ebah, le tandem de présentateurs © Notime Photography

Pour ce concert exceptionnel, un tandem inédit à la présentation : Marius Version Fils de l’Homme et Ebah Songue, introduit par le maître des lieux Ricardo Labé. En véritables courroie de transmission, ce duo inédit de présentateurs ont su mettre leur talent respectif en symbiose pour à chaque fois amener le public à passer d’un navire à un autre, dans une ambiance joyeuse et joueuse.

Djemi: le miroir d’une société dans le regard d’une femme qui veut exister

Djemi la slameuse tchadienne sur le podium © Notime Photography

La lourde tâche de démarrer le voyage est revenue à celle qui accueille ses consœurs sur sa terre natale Toumaï, la gracieuse Djemi. La slameuse tchadienne a débuté son voyage avec un texte sur la question de la condition de la femme dans une société défavorisée, désenclavée, violente. Cette société qui violente la femme en lui laissant des marques indélébiles sur le corps, dans l’âme et l’esprit. Djemi c’est un slam à la fois sucré et amer, celle qui se réclame slamazone, une combattante des maux par les mots. En introduction, elle a bien joué son rôle, celui d’un baume appliqué pour préparer nos corps et nos esprits à tenir durant un voyage qui s’annonce long et intense.

Fatine et son slam-thérapie

Fatine, slameuse marocaine © Notime Photography

Elle restera surement le symbole le plus fort de cette 5ème édition du FINES. Physiquement diminuée mais moralement très forte, Fatine la slameuse venue du Maroc a arrêté le temps durant sa prestation pour nous guérir, nous soigner et se soigner, de ses questions existentielles qui nous tiennent quand notre vie ne tient qu’à un fil. « Il en reste encore », il reste de la vie, de l’espoir, de la vitalité, dans un esprit emprisonné dans un corps qui se bat contre l’horloge du temps.  « Quand les mots nous échappent », la fille d’un jeudi de février qui s’affaiblit mais qui est toujours en vie nous a donné une leçon de vie touchante et profonde, à la fois mélancolique et plein d’espoir. Merci Fatine pour ce moment unique.

Mette et son quotidien

Mette, slameuse hollandaise © Notime Photography

Mette, la slameuse du Pays-Bas ne pouvait pas mieux tomber après le passage de Fatine. Bien qu’ayant commencé sur un slam mélancolique, hommage à sa grand-mère (slam en français important de préciser pour la suite). Mette nous a ensuite embarqué dans un slam en anglais sur des questions simples de son quotidien ses petites choses du quotidien qu’on remarque et sur lesquelles on ne s’interroge presque jamais. Bien que la quasi-totalité du public n’y comprenait pas grand-chose, Mette débordait tellement d’énergie que le public l’a accompagné tout au long de son voyage en train.

Fatou la sensualité dans l’engagement féministe 

Fatou, slameuse guinéenne © Notime Photography

La slameuse de la Guinée Conakry a débuté son voyage par l’exploration de la magie de la naissance, femme qui porte la vie et qui donne vie, une vie sortie du néant, pure et saine. Cette femme porteuse de vie qui est cependant aussi victime de violence, ces violences conjugales dont on ne cesse de parler. Ce voyage qui avait commencé tout en douceur monta d’un ton pour crier et dénoncer cette violence. Son voyage s’est terminé sur un slam contre le règne des tyrans, un rappel du lourd tribut que nous payons quotidiennement à cause du règne des tyrans.

Mariusca synergie poétiquement urbaine

Mariusca, slameuse congolaise © Notime Photography

Une autre découverte pour le public n’djaménois, la slameuse venue du Congo pose aussi ses premiers vers sur la terre de Toumaï avec une célébration de la beauté africaine, une balade suave et langoureuse au travers de la sulfureuse beauté authentique africaine. Sa balade s’est poursuivie par l’exploration du sens, ce sens qui permet de voir le visible dans l’invisible, la différence face à l’indifférence, un appel a toujours voir ce qui nous élève dans toutes les choses de ce bas monde. La balade de Mariusca fut très cadencée et dansante.

Amee, ami des mots, slamazone en guerre contre les maux

Amee, slameuse ivoirienne © Notime Photography

Celle qui a conquis le public tchadien lors de son dernier passage au Tchad lors de la Coupe d’Afrique de Slam Poésie (CASP) fut la dernière à embarquer. La slamazone ivoirienne a livré une prestation à la hauteur de toutes les attentes. Amee est avant tout un haut-parleur de la cause féminine, féministe aguerrie, celle qui manie aussi bien les mots que les mélodies a été la cerise sur le gâteau. Amee pour cette fois a décidé de partager avec le public tchadien son actualité, bouleversée par « sa relation » avec le regretté Dj Arafat dont elle a partagé l’un de ses derniers plateaux et a eu l’honneur de lui rendre hommage en slam lors de sa veillée funèbre. De cette expérience est né un texte racontant les changements qui surviennent dans notre vie lorsqu’on est passée à la télé. Une expérience qu’elle a partagée avec nous avant de terminer sa prestation en coupé décalé, reprenant les différentes danses qui ont fait le succès du Daïshikan ivoirien.

Le concert des slameuses s’est ainsi terminé par ce moment de danse que toutes les slameuses ont partagé ensemble sur le podium sous les applaudissements du public. Un autre concert de slam qui restera dans les annales, car il nous a permis de voir six slameuses différentes les unes des autres telles les six pierres d’infinité de l’univers Marvel…

Facebook Comments